Un jour de Avril...

« Qui a sauvé l’Europe ? C’est l’Afrique. On en parle très peu. On parle si peu que nous ne pouvons, nous, être complices de ce silence ingrat....» 

 

Thomas Isidore Noël Sankara (1949-1987) 

 

Piqûre de rappel....Le 1er avril 1940 le nombre total des tirailleurs sénégalais mobilisés est estimé à 179 000 selon le ministère français de la Défense,dont 40 000 engagés dans les combats en métropole. 

Près de 17 000 ont été tués ou blessés au combat ou ont disparu durant l'année suivante.

L'historien américain Raffael Scheck,professeur au Colby College,qui a enquêté dans les archives militaires françaises et allemandes,estime qu'au total près de 3 000 tirailleurs sénégalais auraient été exécutés par la Wehrmacht en mai-juin 1940.

Des crimes de guerre perpétrés non pas par des SS,mais par l'armée régulière allemande.

Pour rappel,le 19 juin,les Allemands sont aux portes de Lyon et le 25e régiment de tirailleurs sénégalais est envoyé dans un « combat pour l'honneur » avec pour ordre : 

« En cas d'attaque, tenir tous les points d'appui sans esprit de recul, même débordé. » 

Une bataille annoncée sans retour pour la plupart des 1 800 Africains. 

En deux jours, il y aura plus de 1 300 tués dans leurs rangs. Certains tirailleurs,faits prisonniers et même blessés,sont séparés du reste de la troupe,puis massacrés à découvert à la mitrailleuse et achevés sous les chenilles de chars d'une unité SS.

Au lendemain de la défaite de juin 1940, près de 70 000 soldats indigènes faits prisonniers par les Allemands,au lieu d'être envoyés dans les stalags en Allemagne,ont été regroupés en France occupée dans 22 Frontstalags où ils ont été soumis à des conditions de détention extrêmement difficiles. 

Après l'Appel du 18 juin 1940, les unités de tirailleurs sénégalais qui se trouvaient en Afrique équatoriale française se sont ralliées à la France libre et ont combattu à Koufra, Bir-Hakeim, El-Alamein.

Après la Seconde Guerre mondiale,les tirailleurs interviennent encore en Indochine (1945-1954), à Madagascar (1947) et en Algérie (1954-1962). 

Les régiments de tirailleurs sénégalais sont transformés en régiments d’infanterie de marine en 1958 avant d’être définitivement supprimés entre 1960 et 1962.

Dans la foulée,en 1959 puis en 1960,le Parlement français a adopté un dispositif dit de « cristallisation », prévoyant le gel de la dette contractée par l’Empire français et qui échoit à la seule métropole,par blocage de la valeur des points de pension à la valeur atteinte lors de l’accession à l’indépendance des pays, dont les anciens tirailleurs étaient ressortissants.

La cristallisation concerne :

- la retraite du combattant pour ceux qui sont titulaires de la carte du combattant et âgés de plus de 65 ans ;

- la pension militaire d’invalidité pour ceux qui ont été blessés au combat ou en service ;

- la pension militaire de retraite pour ceux dont les services ont atteint une durée déterminée en fonction de leur statut ;

- la pension de réversion aux veuves.

En 1980, près de 700 anciens combattants ont porté plainte et obtenu gain de cause contre la France devant la Commission des droits de l'homme de l'ONU pour discrimination raciale.

Le 30 novembre 2001, le Conseil d’État, dans son arrêt Diop, juge que le fait de verser des prestations «cristallisées» aux anciens combattants et aux anciens fonctionnaires civils ou militaires viole la Convention européenne des droits de l’Homme.

Elle constitue une discrimination illégale.

En conséquence,le Conseil d'État a rendu un arrêt condamnant la France à verser au plaignant, un tirailleur sénégalais, Amadou Diop, une pension établie au même taux que celui en vigueur pour les Français et à lui payer les arriérés dus.

En 2005, Tahar Saïm, ancien militaire algérien vivant à Oran avec 76 euros par mois, a obtenu du tribunal administratif de Poitiers la revalorisation complète de sa pension.

Malheureusement, Amadou Diop et Tahar Saïm, à l'instar d'autres anciens combattants, sont morts avant d'avoir pu bénéficier de cette décision des tribunaux.

En 2002,le montant de l’ensemble des pensions et retraites reçoit un indice correcteur lié au pouvoir d’achat de chaque pays tel que défini par l’Onu. 

Les pensions et retraites des anciens tirailleurs sont alors réévaluées de 20%.

Mais il faudra attendre le conseil des ministres du 26 septembre 2006 pour l'annonce de la décristallisation totale des prestations dites « du feu », c’est-à-dire des retraites du combattant et des pensions militaires d’invalidité.

Après presque 50 ans de contentieux,la sortie du film "Indigènes" évoquant le rôle des troupes africaines en Europe en 1943-1945,le Parlement français a finalement voté le 15 novembre 2006 la revalorisation des pensions des soldats des ex-colonies dans le cadre du budget 2007 des anciens combattants. 

84 000 anciens combattants coloniaux de 23 nationalités devaient en bénéficier.


« Ce n’est que lorsque tous les peuples noirs s’uniront et parleront d’une seule voix que nous serons une force de négociation qui décidera de son propre destin. » 

 

Nomzamo Winifred Zanyiwe Madikizela-Mandela, dite Winnie Mandela

(1936 – 2018) 

 

Piqûre de rappel...Le 2 avril 2018 meurt Nomzamo Winifred Zanyiwe Madikizela-Mandela,combattante de la lutte contre l'apartheid.

Femme politique sud-africaine, membre et militante du Congrès national africain,elle avait 81 ans.

Elle  naît le 26 septembre 1936 dans la province du Cap oriental (sud).

En 1955 : elle devient la première assistante sociale noire du pays dans un hôpital de Soweto.

En 1958 : Elle épouse Nelson Mandela.

En 1962 : Seule avec ses fillettes après l’arrestation de son mari,elle devient l’une des figures du Congrès national africain malgré les intimidations et des séjours en prison.

En 1969 - 1970 : elle est arrêtée en tant qu’activiste anti-apartheid et détenue à l’isolement à Pretoria.

1990 : libération de Nelson Mandela après vingt-sept ans de prison.

1992 : Le couple se sépare, deux ans avant l'accession à la présidence du prix Nobel de la paix.

Celle qu'on surnommait le "roc", "la Mère de la nation", la "libératrice" ou l'"héroïne", meurt le 2 avril à 81 ans des suites d'une longue maladie.

Dix jours de deuil national sont décrétés.

Des dizaines de milliers de personnes acclament sa dépouille lors d'obsèques nationales organisées dans le township sud-africain de Soweto le 14 avril.

Elle est restée fidèle toute sa vie à cette banlieue pauvre de Johannesburg.

Son cercueil, recouvert du drapeau sud-africain, quitte son domicile pour le stade d'Orlando,acceuilli par quelque 20 000 personnes en deuil, le poing levé, entonnant une chanson de la lutte "Il n'y a personne comme Winnie Mandela".

En fin d'après-midi,lors d'une inhumation réservée aux proches,elle est enterrée dans le cimetière de Fourways, un quartier résidentiel de Johannesburg, aux côtés d'une de ses petites-filles décédée en 2010.  


« La véritable grandeur d'un homme ne se mesure pas à des moments où il est à son aise, mais lorsqu'il traverse une période de controverses et de défis.» 

 

Martin Luther King Jr (1929 – 1968) 

 

Piqûre de rappel....Le 3 Avril 1968 à Memphis Martin Luther King Jr prononce sans le savoir son dernier discours, il sera assassiné le lendemain.

« Nous avons devant nous des journées difficiles. 

Mais peu m'importe ce qui va m'arriver maintenant, car je suis allé jusqu'au sommet de la montagne. 

Je ne m'inquiète plus. 

Comme tout le monde, je voudrais vivre longtemps. 

La longévité a son prix. 

Mais je ne m'en soucie guère maintenant. 

Je veux simplement que la volonté de Dieu soit faite. 

Et il m'a permis d'atteindre le sommet de la montagne. 

J'ai regardé autour de moi. 

Et j'ai vu la Terre promise. 

Il se peut que je n'y pénètre pas avec vous. 

Mais je veux vous faire savoir, ce soir, que notre peuple atteindra la Terre promise. 

Ainsi je suis heureux, ce soir. 

Je ne m'inquiète de rien.

Je ne crains aucun homme. 

Mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur.  »


« Tant qu’un homme n’a pas découvert quelque chose pour lequel il serait prêt à mourir, il n’est pas à même de vivre. »

 

Martin Luther King Jr (1929 – 1968) 

 

Piqûre de rappel...Le 4 avril 1968 est assassiné Martin Luther King Jr,à Memphis (Tennessee), au sud des États-Unis,à 39 ans.

Alors qu’il parle à des amis au balcon de la chambre d’hôtel qu’il occupe, il est touché à la gorge par le tir d’« un jeune blanc qui était à cinquante ou cent mètres de là ».

Il meurt peu de temps après. 

L’auteur du tir, James Earl Ray, un ségrégationniste blanc qui a des antécédents judiciaires, est finalement capturé deux mois plus tard à l’aéroport de Londres Heathrow alors qu’il essayait de quitter le Royaume-Uni. 

Il naît le 15 Janvier 1929 à Atlanta, en Géorgie.

Sa mère, Alberta Williams, institutrice avant son mariage, était la fille d'Adam Daniel Williams, pasteur pendant dix-sept ans de l'Eglise baptiste Ebenezer et pionnier de la résistance aux discriminations raciales : membre de la "National Association for the Advancement of Colored People", il avait lutté pour obtenir un collège secondaire pour les Noirs et fait boycotter un journal raciste. 

Son père, Martin Luther King Senior, était également pasteur, et il succéda d'ailleurs dès 1931 à Adam Williams dans la responsabilité de la paroisse.

Il est ordonné dans le temple de son père à Atlanta en 1947, et nommé assistant de la paroisse.

En 1951, il obtient une licence de théologie , poursuit des recherches à l'Université de Boston, et suit des cours de philosophie à l'Université de Harvard. 

A partir de 1953, il se consacre à la rédaction d'une thèse : "Comparaison de la conception de Dieu chez Paul Tillich et Henry Nelson Wieman". 

Il obtint le doctorat de troisième cycle de théologie systématique en juin 1955.

Le 28 août 1963, à Washington, devant 250 000 personnes, après la marche contre les discriminations raciales,Martin Luther King Jr. prononce son discours « I have a dream ». Son rêve d’une Amérique fraternelle où Blancs et Noirs se retrouveraient unis et libres. 

Le 14 octobre 1964, Martin Luther King devient à 35 ans le plus jeune lauréat du Prix Nobel de la Paix.

Il est récompensé pour son combat non violent pour les droits civiques des Noirs.

Il recevra son prix la 10 décembre à Oslo.

Le 3 Avril 1968 à Memphis Martin Luther King prononce sans le savoir son dernier discours, il sera assassiné le lendemain : 

« Nous avons devant nous des journées difficiles. 

Mais peu m'importe ce qui va m'arriver maintenant, car je suis allé jusqu'au sommet de la montagne. 

Je ne m'inquiète plus. 

Comme tout le monde, je voudrais vivre longtemps. 

La longévité a son prix. 

Mais je ne m'en soucie guère maintenant. Je veux simplement que la volonté de Dieu soit faite. 

Et il m'a permis d'atteindre le sommet de la montagne.

J'ai regardé autour de moi.

Et j'ai vu la Terre promise.

Il se peut que je n'y pénètre pas avec vous. 

Mais je veux vous faire savoir, ce soir, que notre peuple atteindra la Terre promise.

Ainsi je suis heureux, ce soir.Je ne m'inquiète de rien. 

Je ne crains aucun homme.

Mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur.».

Un testament. 


« Les déportations, les massacres, le travail forcé, l'esclavagisme ont été les principaux moyens utilisés par le capitalisme pour augmenter ses réserves d'or et de diamants, ses richesses et pour établir sa puissance. »

 

Franz Fanon (1925-1961) 

 

Piqûre de rappel....Le 5 avril 1946,l'assemblée française vote la fin du travail forcé des travailleurs africains,instrument fondamental de l'exploitation coloniale.

La loi no 46-645,dite aussi Loi Houphouêt-Boigny promulguée le 11 avril.

Elle s'inscrit dans la foulée des réformes qui suivent la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les autorités françaises s'étant déjà engagées à Brazzaville, en 1944, à revoir le partenariat colonial. 

Le travail forcé diffère de l'esclavage, car celui qui le pratique reste "officiellement" libre en droit, bien qu'il puisse être réquisitionné pour effectuer des travaux. 

Dans la pratique, il s'agit toutefois d'un semi-esclavage qui est au centre du système d'exploitation colonial. 

Il repose sur une base raciste, partant du préjugé que les Africains n'aiment pas travailler et qu'il faut les y obliger.

Ceux-ci sont donc conscrits pour effectuer des travaux d'utilité publique de toutes sortes (construction de routes, voies ferrées, etc.). 

Avec le développement de l'économie, le travail forcé est ensuite étendu aux compagnies européennes qui ont des privilèges pour exploiter des terres ou des mines. 

Les travailleurs étaient sous-alimentés et obligés de travailler aussi sur les plantations pour survivre. 

Pour garder le système en place, les autorités françaises comptaient sur un système répressif, ce qui limitait les révoltes. 

Bien qu'officiellement aboli en 1946, le travail forcé continua jusqu'à l'indépendance dans certains territoires comme le Gabon et le Congo Brazzaville. 

« L’Afrique noire française se dépeuple ; les naissances diminuent ; les exodes s’accroissent. Le Gabon ne compte plus, d’après les estimations les plus optimistes, que la moitié de la population qu’il comptait en 1913. Le pays Mossi a passé de 4 millions à moins de 2 millions d’habitants. Pendant ce temps, les colonies étrangères voisines accroissent, doublent même leur population aux dépens des nôtres...55 ans après la déclaration des droits de l’homme et cent après la suppression de l’esclavage, à pratiquer celui-ci sous une forme déguisée....»

Proposition de loi présentée par Les députés Félix Houphouët-Boigny, Fily-Dabo Sissoko, Joseph Raseta, Saïd Mohamed Cheick, Lamine Guèye, Sourou-Migan Apithy, Léopold Sédar Senghor, Jean-Félix Tchicaya, Emmanuel d’Astier de la Vigerie, Pascal Copeau, Pierre Villon, Raymond Verges, Aimé Césaire, Léopold Brissol, Henri Lozeray, Pierre-Dreyfus Schmidt, Pierre Cot, Robert Chambeiron et Lucien Rose. 


« Monsieur,il ne faut pas croire que le caractère horrible de ce qui s’est passé là-bas a la même valeur pour eux et pour nous »

 

Charles Pasqua (1927-2015) 

 

Piqûre de rappel....Le 6 avril 1994, le président rwandais Juvénal Habyarimana et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira,meurent dans un attentat contre leur avion,de retour d'un sommet en Tanzanie.

Les circonstances troubles ravivent les tensions sous-jacentes entre Hutu et Tutsi. 

Dès le lendemain commencent au Rwanda des massacres de masse,qui dureront jusqu'en juillet, provoquant l'exode de 2 millions de personnes et la mort de milliers d'autres.


«  Au nom des Noirs et des hommes de couleur, l'indépendance de Saint-Domingue (Haïti) est proclamée. Rendus à notre dignité primitive, nous avons assuré nos droits; nous jurons de ne jamais céder à aucune puissance de la terre »

 

Toussaint Louverture (1743-1803) 

 

Piqûre de rappel....Le 7 avril 1803 meurt Toussaint Louverture en détention au Fort de Joux après avoir été capturé par trahison.

Le chef de la Révolution haïtienne a officiellement succombé à une pneumonie à 59 ans.

Né en plein esclave dans la colonie française de Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti), François Toussaint, surnommé Louverture, se rallie à la Révolution lorsque le gouvernement français abolit l'esclavage, en 1794.

Il a été le premier leader Noir à avoir vaincu les forces d'un empire colonial européen dans son pays. 

Toussaint Louverture a mené la lutte victorieuse pour la libération des esclaves haïtiens,et, est reconnu comme le chef de la révolution haïtienne (1791-1802). 

Le 16 mars 1983 une pelletée de terre a été remise symboliquement à la République d’Haïti. 


« C'est l'ignorance,et non la connaissance ,qui dresse les hommes les uns contre les autres »

 

Koffi Annan (1938-2018) 

 

Piqûre de rappel...Le 8 Avril 1938 naît à Kumasi (Ghana) Koffi Annan.

Premier Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies(1997_2006) d'Afrique subsaharienne.

Il est le septième secrétaire général des Nations unies et le premier à sortir des rangs du personnel de l'organisation.

Il occupe cette fonction de 1997 à 2006.

Le 10 décembre 2001, il reçoit le prix Nobel de la paix conjointement avec l'ONU.

Il meurt le 18 août 2018 à Berne. 


« On peut se tromper, c'est humain, mais il faut se garder de vouloir tromper les autres. »

 

Félix Houphouët-Boigny (1905-1993)

 

Piqûre de rappel....Le 9 avril 1946, Houphouët-Boigny transforme,avec l'aide des Groupes d'études communistes d'Abidjan, le SAA ( Syndicat agricole africain) en Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI).

Il devient après le Congrès de Bamako du 18 octobre 1946, une section territoriale du tout nouveau parti inter-africain : le Rassemblement démocratique africain dont il est le président.

Pas assez nombreux pour former un groupe parlementaire au palais Bourbon,les élus africains rejoignent les communistes.

C'est la seule formation politique ouvertement anti-colonialiste. 

Houphouët-Boigny justifie lui-même cette alliance par le fait qu’elle semblait, à l’époque, être la seule solution pour se faire entendre.


« Un peuple décidé à lutter pour sa liberté et son indépendance est invincible » 

 

Ruben Um Nyobé (1913-1958) 

 

Piqûre de rappel....Le 10 avril 1948, Ruben Um Nyobé (syndicaliste,nationaliste) et d'autres patriotes forment l'Union des Populations Camerounaises, section camerounaise du Rassemblement Démocratique Africain.Pour faciliter la reconnaissance du parti, les fondateurs syndicalistes choisissent unanimement de ne pas faire figurer leurs noms sur la liste officielle des membres fondateurs. Après plusieurs hésitations des autorités coloniales, le parti est reconnu le 9 juin 1948,et,UM NYOBE apparait le 17 Juin à Abidjan comme le représentant officiel de l’UPC au Congrès du Rassemblement Démocratique Africain. Officiellement , il sera désigné secrétaire général du parti à l’issu du premier congrès en 1950.


« Je suis partout et nulle part. Je ne vois rien et je vois tout. Je n'écoute rien et j'entends tout... Tel est le rôle d'un chef d'Etat. »  

 

Jean-Bedel Bokassa (1921-1996)

 

Piqûre de rappel...Le 11 avril 1969 au matin, la radio centrafricaine annonce que dans la nuit le lieutenant colonel Banza a tenté un coup d'état contre Jean-Bedel Bokassa.

Arrêté,torturé, jugé et condamné à mort dans la nuit du 11 au 12, il sera fusillé le 12 à l’aube. 

Une rapidité qui mènera certains à parler d’ « assassinat politique »

En réalité,le colonel Banza était tombé dans un guet-apens. Appelé dans la nuit au camp Kassaï par le Sous-chef d’état-major, le colonel Mandaba, il s’y rendit d’urgence,vêtu seulement d’un pantalon et d’un maillot de corps. Néanmoins il se fit accompagner par un ami,le commissaire de police Kallot,qu’il laissa à l’entrée du camp en lui recommandant de donner l’alerte s’il tardait à revenir. 

A peine avait-il pénétré dans l’enceinte qu’il recevait un coup de poignard dans le dos,puis on le traîna dans un local pour le revêtir d’une tenue d’officier parachutiste afin de donner quelque vraisemblance à l’intention qu’on voulait lui prêter de soulever la garnison. 

On le tortura ensuite pour l’obliger aux aveux qu’on désirait obtenir.

Le commissaire Kallot,inquiet d’une longue attente, alla à sa recherche et fut surpris de le voir dans cet uniforme, menotte aux mains. 

Le commissaire dont on n’avait évidemment pas prévu la présence fut pris à parti,eut la mâchoire brisée et se retrouva dans une cellule à la prison de Ngaragba. 

Il fut amené le lendemain au Conseil des ministres où il sauta sur le général Bokassa,lui serrant la gorge entre ses bras liés par des menottes. 

Frappé,ramené en prison,il y sera empoisonné à petites doses quotidiennes. 

Il mourra en quelques mois. 

Sa veuve et ses enfants déportés à l’Est du pays ignorent encore le sort de leur mari et père.

Bokassa dira : « En ce qui concerne Banza, son cas est simple. Je l’avais fait lieutenant-colonel, puis ministre d’Etat chargé des finances.En avril 1969,il a tenté de soulever l’armée pour prendre le pouvoir et il a voulu me faire tuer.Il a été jugé et condamné à mort par le tribunal militaire.Et le tribunal militaire avait toutes les preuves. Dans tous les pays du monde, pour tous les chefs d’Etat, il existe des actes graves qui entraînent des sanctions graves. ...»

Dès l’aube, un conseil des ministres se réunit et décide de convoquer l’Ambassadeur de France : le colonel Banza aurait avoué avoir agi avec l’appui du représentant de la France. 

A peine assis à la table du Conseil, Mr Jean Herly,l’ambassadeur de France,se vit l'objet des pires accusations et le général Bokassa lui déclara qu’il devait se considérer « persona non grata ».

Niant toute complicité dans cette affaire, il insista pour être confronté au colonel Banza. 

On lui répondit : « Il n’est pas montrable ».

Par téléphone, l'ambassadeur rendit compte de la situation à Mr. Foccart (Secrétaire général de la Présidence française, chargé des affaires africaines et malgaches) qui appela aussitôt le général Bokassa. 

Deux heures après, Mr Herly était de nouveau convoqué au conseil des ministres, mais cette fois pour recevoir l’accolade du général Bokassa qui le pria d’oublier l’incident.

Bokassa s’acharna, bien après avril 1969, sur des supposés amis de Banza, dont le seul tort était d’être originaire de la même ethnie ou région que lui. 

Sa femme et ses neufs enfants furent déportés à Birao dans le nord du pays, pendant quatre ans. 

Son père, arrêté, sera ballotté de cellules en cellules pour mourir un an plus tard, en avril 1970. 

De ses deux marabouts arrêtés aussi, un seul survécu. 

Ses frères, l’un sous-préfet de la localité de Carnot en pays Gbaya, l’autre chauffeur, et le troisième lycéen furent aussi du lot : deux ans plus tard, deux furent exécutés,comme tant d’autres, en secret, et le troisième s’éteignit de mort lente. 

Sa maîtresse ne sortit de prison qu’en juin 1972. 

Un ami de la famille, Polycarpe Gbaguili,connut la prison jusqu’à la chute de l’empereur.

En 1971, l’ambassadeur Kombet, arrêté dès son retour de Rome où il était en poste, ne sortira de cellule qu’à la chute du régime en 1979. 

Un surveillant d’études de la ville de Berberati,qui émit des remarques sur l’arrestation de l’ambassadeur Kombet, fut aussitôt arrêté et disparût tout aussi vite. 

Un militaire qui crut pouvoir donner des détails sur l’exécution de Banza dans une lettre à un ami fut condamné à dix ans de réclusion par le TPM. 

L’aspirant Moussa, accusé de complicité, disparu à tout jamais, deux ans après son arrestation en novembre 1971. Yves Berke, qui écrivit quelques mots sur les débuts de troubles qu’avait suscités l’exécution de Banza en pays Gbaya -Bokassa y envoya d’ailleurs des troupes- fut arrêté fin juin 1969, et lui aussi ne revit la lumière qu’à la faveur de la chute de Bokassa en 1979....


« La Tour Eiffel est très différente de la Statue de la Liberté, mais quelle importance? A quoi bon avoir la statue mais pas la liberté? »  

 

Joséphine Baker (1906-1975) 

 

Piqûre de rappel...Le 12 avril 1975 meurt à Paris Freda Josephine McDonald connue sous le nom de Joséphine Baker,chanteuse, danseuse, actrice, meneuse de revue et résistante américaine naturalisée française.  

Elle eut des funérailles nationales télévisées sans précédent pour un artiste. 

Le cortège passa devant Bobino où son nom brillait et gagna la Madeleine. 

Parmi les célébrités et les dignitaires qui, trois jours plus tôt, assistaient à sa première, plusieurs étaient présents, dont la princesse Grace et Sophia Loren. 

Elle naît le 3 juin 1906 à Saint Louis, aux Etats-Unis de parents artistes. 

Elle fait ses premiers pas sur scène à treize ans au sein d'une troupe en tournée à travers le Sud jusqu'à la Nouvelle-Orléans, et dans le Nord, jusqu'à Philadelphie où Josephine épousa Willie Baker, son second mari. 

En avril 1921, Josephine jouait au Gibson Theater de Philadelphie avec les Dixie Steppers. 

Remplaçant une danseuse blessée,elle entre finalement dans le corps de ballet,elle a à peine quinze ans. 

Josephine décide de tenter sa chance à New York et se fait à nouveau engager au titre d'habilleuse, mais pour la revue "Shuffle Along". 

Elle apprent alors tous les chants, toutes les danses, et lorsqu'une girl tombe malade,elle la remplace. 

Se déchaînant ; louchant,grimaçant,elle devient une attraction à part entière. 

Elle intégre la troupe principale à l'été 1922. 

Pendant plus d'un an, la troupe de "Shuffle Along" tourne à travers l'Amérique,et, Josephine désormais reconnue comme artiste gagne bien sa vie.

Joséphine Baker impose un personnage à la fois comique et sexy : de 1922 à 1924, elle atteint une vraie notoriété. 

Le 2 octobre 1925, la Revue Nègre, mélange d’imagerie coloniale et de folklore américain, signe le début de Joséphine Baker sur une scène parisienne : vêtue d’une ceinture de bananes qui restera légendaire, elle danse de manière frénétique sur un air de Charleston.

A l'issue d'une tournée européenne,elle laisse tomber la troupe pour un contrat de meneuse de revue aux Folies-Bergère faisant d'elle une star absolue de la scène parisienne.

Joséphine Baker entretient sa popularité par une tournée européenne qui suscite quelque controverse du fait des tenues légères de la vedette. 

Revenue à Paris, elle est engagée comme meneuse de revue au Casino de Paris

Parallèlement, Joséphine se diversifie ,touche au cinéma,et se lance dans la chanson dont le grand succès de 1931 : « J’ai deux amours », composée par Vincent Scotto. 

En 1939, à la déclaration de guerre, Joséphine Baker est engagée comme agent de renseignement, chargée de surveiller la haute société, par les services secrets français. Réfugiée au Maroc durant l’Occupation, elle continue de transmettre des messages, parfois cachés dans des partitions musicales, pour le compte de la France Libre et de l’Armée de l’air. 

Elle se verra décerner la Légion d’Honneur pour ses services. 

En 1951, elle obtient enfin le succès dans son pays natal, avec une série de concerts où elle avait exigé que soit autorisée la mixité raciale du public. 

Joséphine Baker recueille et élève aux Milandes des enfants de toutes origines, qu’elle appelle sa « tribu arc-en-ciel ». 


 « Ce qui m'effraie, ce n'est pas l'oppression des méchants ; c'est l'indifférence des bons. »

  

Martin Luther King Jr (1929 – 1968)  

 

Piqûre de rappel...Le 13 avril 1963 Martin Luther King est à nouveau jeté en prison après une action menée à Birmingham en Alabama alors que le Ku Klux Klan sème la terreur. 

A cette occasion,il prend sa plume pour répondre à dix-huit ecclésiastiques modérés de toutes confessions qui lui reprochent d’être un trublion, un outsider. 

Dans cette « Letter from Birmingham jail »,il balaie l’accusation d’outsider puisqu’il est mandaté par une association qui a des filiales dans tous les États-Unis. 

Il réfute les accusations de ses adversaires chrétiens et juifs en sept points : 

1. Il est à Birmingham parce qu’il est solidaire de l’injustice qui y règne.

2. S’il est un extrémiste, il l’est pour l’amour de son prochain y compris de ses ennemis. Jésus n’était-il pas un extrémiste de l’amour ? Le nouveau pouvoir, comme l’ancien, a besoin d’être bousculé pour enfin agir.

3. La liberté n’est jamais accordée de bon gré, elle est arrachée par l’opprimé.

4. Nous, les Noirs, avons attendu pendant plus de trois cents quarante ans, nous ne pouvons plus attendre car le « attendez » signifie presque toujours « jamais ».

5. Le temps est un allié des forces de stagnation sociale. Les nations d’Asie et d’Afrique progressent vers l’indépendance politique à vive allure.

6. La grande majorité de vos frères noirs étouffe dans des prisons immondes avec le sentiment de n’être personne.

7. L’impatience est légitime et inévitable.

Pour Martin Luther King, une acceptation tiède est plus irritante qu’un refus pur et simple. 

L’action menée ne précipite pas la violence. 

Elle combat la maladie de la ségrégation. 

Elle rend visible des frustrations accumulées, une tension cachée qui existe déjà.

A la naissance de son quatrième enfant, Martin Luther King écrit à J.F. Kennedy, l’invitant à se mettre à la place d’un enfant noir grandissant à Birmingham.

« Vous seriez né dans un hôpital Jim Crow (Jim Crow est l’homme politique qui a imposé une partition entre le Nord libre et le Sud ségrégationniste) de parents vivant sans doute dans un ghetto. Vous seriez inscrit dans une école Jim Crow. Vos passeriez votre enfance à jouer dans les rues parce que les parcs « colorés » seraient absolument inappropriés… Si votre famille allait à l’église, vous iriez dans une église noire… Vous habiteriez dans une ville où la brutalité faite aux noirs… Vous trouveriez une atmosphère générale de violence… ».

Le 22 juin 1963, Martin Luther King rencontre Kennedy et marche en août sur Washington pour la liberté et le travail.

C’est là, devant la statue de Lincoln au Mason Temple, qu’il prononce en août son célèbre discours « I have a dream »


« Il faut reconnaître tout être humain,sans chercher à savoir si il est blanc,noir,basané ou rouge;lorsque l'on envisage l'humanité comme une seule famille,il ne peut être question d'intégration ni de mariage inter-racial » 
Malcolm X (1925–1965)   
Piqûre de rappel...Le 14 avril 1966 sont condamnés de 20 ans à perpétuité Thomas Hagan qui s'appelait alors Talmadge X Hayer, Muhammad Abdul Aziz (Norman 3X Butler) et Kahlil Islam (Thomas 15X Johnson) reconnus coupables du meurtre de Malcolm X,criblé de 16 balles le 21 Février 1965 lors d'un discours prononcé à Harlem.        Cette intervention devait marquer un tournant majeur dans la vie de Malcolm X de retour d'un pèlerinage à La Mecque après s'être converti à l'islam sunnite orthodoxe.

Il avait effectué deux tournées en Afrique et au Moyen-Orient et fondé son propre groupe la Muslim Mosque ainsi que l'Organisation de l'unité afro-américaine. 

Des changements opérés après avoir quitté en mars 1964 l'organisation d'Elijah Muhammad, « Nation of Islam », dont il fût le porte-parole.

Une séparation qui se fait dans la douleur,et,sous haute tension comme en témoigne l'attaque du 14 février 1965. 

La maison de Malcolm X est l’objet d’un attentat à la bombe dont il sort indemne avec sa femme et ses filles.

Peu importe, Malcolm X n'est pas de ceux que la peur tenaille. 

Il appartient à ces hommes qui sont portés par leurs convictions,quoiqu'il en coûte.

Il avait d'ailleurs déclaré le 18 février 1965 au cours d'une interview au quartier général de son « Organisation pour l'unité afro-américaine »,installé au cœur de Harlem, «Je vis comme un homme qui est déjà mort».

Tout était dit.

Il savait qu'il avançait en terrain miné et avait confié à un journaliste de Chicago le 30 janvier 1965 qu'il avait fait une liste des individus qu'il soupçonnait de vouloir le «supprimer». 

En dépit de la pesanteur ambiante,l'orateur charismatique n'entend pas se taire même si il fait désormais cavalier seul.

Il est bien déterminé à faire entendre sa voix,ce qui n'est pas du goût de ceux qui étaient il y a peu ses frères de la « Nation of Islam ».

Cette détermination à toutes épreuves lui vaudra de payer le prix fort ce 21 février 1965 qui deviendra finalement le dernier jour de ses jours. 

Sans le savoir, Malcolm X prononce ce jour-là son ultime discours dans Harlem, à New York, devant un auditoire de 500 personnes.Dans la salle de bal de l'Audubon,face à lui,il y a son épouse et ses enfants.                                            Betty et ses 4 filles sont assises au premier rang.                                                 Alors que Malcolm X s'exprime,il est interrompu par une dispute bruyante qui se fait soudainement entendre dans la salle.                     

Au huitième rang un homme se lève en s'écriant "Ôtez votre main de ma poche".                                      

Malcolm appelle au calme et son service d’ordre intervient immédiatement.          Désormais seul sur la scène,Malcolm n’a plus aucune protection,c'est devenu une cible.                                                                                         

Un homme s'avance vers lui et tire avec un fusil à canon scié ; touché au ventre, Malcolm X tombe en arrière, tandis que deux autres assaillants lui tirent 16 fois dessus avec des revolvers.                         

Dès les premiers coups de feu, Betty met ses quatre fillettes à l'abri en les couchant au sol et les camouflant sous des chaises.                 

Quand  le bruit des détonations s'arrête,elle a à peine le temps de relever la tête qu'elle aperçoit son époux à terre, le costume maculé de sang.                                Elle court rapidement vers le podium et tente de mettre en pratique,dans la précipitation et de manière machinale, les cours de secourisme qu'elle a suivi.      Elle s'active méthodiquement mais comprend très vite que ses gestes, bien qu’exécutés dans les règles de l'art,sont vains.                               

Les dés semblent jetés même si la réalité est dure à assimilée.             

Des officiers de police et les associés de Malcolm X débarquent et entourent le corps inerte,éloignant l'épouse qui réalise que la situation est grave et qu''une simple tentative de réanimation ne sauvera pas son époux.                                        Il sera ramené à la Columbia Presbyterian Hospital où sa mort sera prononcée.    Il  se savait en sursis,affirmant :"Je me réveille tous les matins sachant que j'ai gagné un jour de plus. Je vis comme un mort en sursis".             

L’enquête policière conduit à l’arrestation de trois militants de la « Nation of Islam » qui seront condamnés à la réclusion à perpétuité.     

Cependant de nombreuses interrogations subsistent sur les circonstances précises du meurtre et les commanditaires,nourrissant une multitude de plumes comme celle de l’historien américain Manning Marable qui a travaillé sur l’affaire pendant une dizaine d’années et publié les conclusions de son enquête dans un ouvrage de plusieurs centaines de pages.                                                        Rappelons qu'avant de se convertir à l'islam et de devenir El-Hajj Malek El-Shabazz ,Malcolm Little, change son nom de famille pour « X ». expliquant que ce nom représentait le rejet de son « nom d’esclave » en l’absence de son véritable nom d’origine africaine.                             

Il est vrai que dans l’Amérique esclavagiste d’avant 1863, le maître imposait à ses esclaves de prendre son nom afin de les « marquer » comme ses choses, d’où le rejet engendré par la suite par de nombreux afro-américains.                                  Le « X » représente également à la fois la marque appliquée sur le bras de certains esclaves et l’inconnue mathématique, qui symbolise l’inconnue du nom d’origine.

Cette vision a conduit de nombreux membres de Nation of Islam à changer leur nom pour « X » .       

Malcolm X, né Malcolm Little le 19 mai 1925 est le fils de Louise Norton, une antillaise fille d’un écossais qui avait violé sa mère ,et, d’Earl Little, prêcheur proche de Marcus Garvey,qui fût assassiné par des blancs du sud.                          Des tragédies familiales qui ont alimenté la soif de justice et de liberté de Malxcolm X qui ne faisait pas dans la demi-mesure comme en témoigne ses propos du 12 avril 1964 qui sont toujours autant d'actualité :"C'est le bulletin de vote ou la balle, la liberté ou la mort, la liberté pour tous ou la liberté pour personne."


«  La France reconnaît aujourd’hui que nous sommes en mesure de continuer, en voyageurs désormais avertis, conscients des obstacles et des embûches de la route. Mais ce que nous aurons appris ensemble, ce que la tradition française aura apporté à notre tradition nigérienne, ce mariage de cultures diverses heureusement accompli, constituent le gage le plus solide de notre mutuelle estime et de notre profonde amitié. Nous entendons l’offrir au monde en exemple de ce que peuvent produire d’indestructibles deux civilisations qui au lieu de s’ignorer, se rencontrent et se confondent. » 

 

Hamani Diori (1916–1989)

   

Piqûre de rappel...Dans la nuit du 14 au 15 avril 1974, vers 2 heures du matin, au Niger , un Conseil Militaire Suprême dirigé par le chef d’état-major du Niger,le lieutenant-colonel Seyni Kountché, et son adjoint le Chef de bataillon Sani Souna Sido, renverse le pouvoir du président Hamani Diori.

Mis aux arrêts de rigueur,le président est détenu pendant quelques jours à Niamey,la capitale,puis transféré à Zinder.

Il est d'abord installé dans une villa avant d'être envoyé au camp militaire de Zinder où il est rejoint par celui qui était avant le coup d'état son ministre de l'éducation nationale,Harou Kouka.

Hamani Diori reste détenu à Zinder jusqu'au 15 avril 1980,date à laquelle il est transféré à Niamey en résidence surveillée à la villa Boubou Hama,la résidence officielle de l'ancien président de l'assemblée nationale.

Il y restera jusqu'au 15 avril 1984 ,date à laquelle il est mis en résidence surveillée dans sa résidence privée de Niamey.

Il retrouve sa pleine liberté au lendemain de la mort de Seyni Kountché le 10 novembre 1987.

A la tête du Niger depuis l'indépendance,président Hamani Diori est en disgrâce en raison de ses récentes prises de position,rapprochement avec la Libye (signature d'un accord de défense avec Mouammar Kadhafi), soutien au pouvoir fédéral nigérian contre les sécessionnistes du Biafra que la France aidait.

De plus,Hamani Diori souhaite revoir à la hausse le prix de l'uranium ce qui lui vaut d'être qualifié "d'ingrat" et de "traître" par son ancien allié, la France.

A peine libéré, il confiera : "On ne me fera jamais croire que les Français n’étaient pas au courant !" .

Rappelons qu'une ligne téléphonique spéciale reliait la chambre du président à l’ambassade de France, et un plan d’évacuation du chef de l’État, baptisé "opération Cheval noir", était prévu en cas d’urgence.

De plus,la France disposait à l’époque d’une force de frappe suffisante pour contrecarrer les plans de l’armée nigérienne avec une base à Niamey, où stationnaient 450 hommes,et un cadre juridique lui permettant d’intervenir, comme elle le fit en 1964 au Gabon.

Le président Hamani Diori ,instituteur de formation,qui fût aussi député à l''assemblée nationale française, est mort à Rabat au Maroc le 23 avril 1989 lors d'une visite d'amitié à l'invitation du roi Hassan II.


«  C’est donc à un véritable massacre, sans utilité, hélas ! qu’ils ont été voués par l’inimaginable légèreté de certains généraux »

 

Blaise Diagne (1872–1934)

   

Piqûre de rappel....Le 16 avril 1917 au matin, plus de 15 000 tirailleurs sénégalais s’élancent à l’assaut des crêtes du Chemin des Dames sous d’incessantes rafales de pluie et de neige, mêlées d’un vent glacial . 

Paralysés par le froid, ils sont fauchés par les mitrailleuses allemandes qui devaient être détruites par des jours de bombardement qui ont précédé l’offensive. 

Durant cette journée, plus de 1 400 tirailleurs Sénégalais meurent dans les combats. 

Vingt bataillons de tirailleurs « sénégalais » de première ligne sont ainsi engagés au cœur de l’Offensive du Chemin des Dames, le 16 avril 1917.

Ils sont intégrés dans le dispositif militaire des premier et deuxième Corps d’armée coloniaux, commandés respectivement par les généraux Berdoulat et Blondlat. 

Au fil des mois d’avril et mai 1917, de nouvelles troupes composées de tirailleurs « sénégalais » s’associent au destin tragique de leurs frères d’armes lors des combats du Chemin des Dames.

Le 5 mai 1917, en dépit des pertes insupportables de ces derniers jours, le général Nivelle, niant les réalités de l’échec de l’offensive, ordonne un nouvel effort des Armées françaises sur le plateau du Chemin des Dames. 

Le général Famin déclare : « Les unités sénégalaises ont fait preuve, au moment de l’attaque, de leurs qualités légendaires d’entrain et de bravoure ; elles sont parties à l’assaut avec ardeur et confiance ».

Les faits d’armes des tirailleurs « sénégalais » retracés au sein des Journaux de marches et d’opérations des unités (JMO) et évoqués précédemment, soutiennent le témoignage du général Famin.

Au cours des nombreuses opérations de l’Offensive, souffrant des conditions climatiques, les tirailleurs « sénégalais » payent un lourd tribut. 

« Après l’attaque, sous l’action du froid et de la neige, ne pouvant pas se servir de leurs armes d’ailleurs engluées de boue, ces troupes n’ont plus été qu’une cible offerte aux obus de l’artillerie ennemie ».

Paul Painlevé, alors Ministre de la Guerre, estime qu’entre le 16 et le 30 avril 1917, les pertes touchant les BTS s’élèvent à 7.300 hommes, soit près de 45% des soldats engagés. 

Le sacrifice des tirailleurs « sénégalais » lors de l’Offensive du Chemin des Dames pèse lourdement sur les débats de la Chambre des Députés réunie en Commission secrète le 27 juin 1917. 

A la tribune, Blaise Diagne, retrace les terribles épreuves des BTS lors des assauts à l’aube du 16 avril 1917. 

« C’est donc à un véritable massacre, sans utilité, hélas ! qu’ils ont été voués par l’inimaginable légèreté de certains généraux » lance-t-il devant ses collègues. 

Ce réquisitoire présente ainsi ces combattants coloniaux tel du « bétail » mené vers une mort certaine par l’inconscience de deux hommes, Mangin et Nivelle. 

Ces accusations, renforcées par les souffrances des tirailleurs « sénégalais » du printemps, valent à Charles Mangin le qualificatif de « broyeur et boucher des Noirs ».

Le député du Sénégal semble s’opposer à l’engagement massif des combattants d’Afrique subsaharienne dans la défense nationale comme en témoignent ces propos : « il parait humiliant que ce pays […] se permette d’accrocher à l’espoir de son salut, à la certitude de sa libération, cette idée que ce sont des noirs sortis du fond de l’Afrique et dans la simplicité primitive d’une mentalité qui s’élève à peine au jour , c’est à ceux-là qu’on doit accrocher le salut de ce pays ? »

Au mois de mai 1917, le général Famin affirme que les unités de tirailleurs « sénégalais » « n’ont pas été sacrifiées en aucune façon » lors de l’Offensive du Chemin des Dames et demande « de tirer tout le rendement possible des troupes noires pendant la période d’été, en les utilisant largement en première ligne ! ». 

Le 15 août 1917, les combattants africains atteignent les crêtes méridionales du Chemin des Dames, à proximité de la ferme d’Hurtebise, comme leurs frères d’armes quatre mois plus tôt. 

L’engagement des tirailleurs « sénégalais » sur le front axonais se poursuit à l’automne lors des opérations du fort de La Malmaison le 23 octobre 1917.


« Nègre vous m’appelez et bien oui, nègre je suis. N’allez pas le répéter, mais le nègre vous emmerde »

 

Aimé Césaire (1913-2008) 

 

Piqûre de rappel....Le 17 avril 2008 meurt Aime Césaire à 94 ans,chantre de la Négritude,poète et homme politique martiniquais.

Aimé Fernand David Césaire, est un poète et homme politique français, né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe et mort à Fort-de-France. 

Anticolonialiste résolu,il est l’un des fondateurs du mouvement littéraire de la négritude. 

Il raconte : « Un jour, je traverse une rue de Paris, pas loin de la place d'Italie. Un type passe en voiture : " Eh, petit nègre ! " C'était un Français. Alors, je lui dis : « Le petit nègre t'emmerde ! ».

Le lendemain, je propose à Senghor de rédiger ensemble avec Damas un journal : L'Étudiant noir. Léopold : « Je supprimerais ça, on devrait l'appeler Les Étudiants nègres. Tu as compris ? Ça nous est lancé comme une insulte. Eh bien, je le ramasse, et je fais face. « Voici comment est née la négritude », en réponse à une provocation... » 

Pour le troisième anniversaire de sa mort, en avril 2011,le poète est élevé au rang de "grand homme" lors d'une cérémonie organisée au Panthéon au cours de laquelle une plaque est dévoilée dans la crypte du monument.  

Une entrée symbolique au Panthéon car conformément à sa volonté, Aimé Césaire est inhumé en Martinique, sa terre natale. 


« Un peuple décidé à lutter pour sa liberté et son indépendance est invincible »
Ruben Um Nyobè, surnommé «Mpodol » (1913-1958) 
Piqûre de rappel...Le 18 Avril 1955, le domicile de Ruben Um Nyobé,leader indépendantiste camerounais est attaqué par la police.                                          Sa femme et une vingtaine de ses partisans sont pris à partie. Ruben Um Nyobé se réfugie à Boumyebel,son village natal. 

Parralèllement,l'église catholique fait lire dans toutes les églises une lettre contre l'UPC :

« Nous mettons les chrétiens en garde contre les tendances actuelles du parti politique connu sous le nom de l'Union des Populations du Cameroun, en raison non pas de la cause de l'indépendance qu'il défend,mais de l'esprit qui l'anime ».

Aussitôt des incidents éclatent entre les indépendantistes de l'UPC et les partisans du docteur Louis Paul Ajoulat, médecin français, leader du Bloc Démocratique Camerounais (BDC) parti d'obédience catholique et anti-indépendantiste. 

Le 22 Mai 1955,les autorités interdisent une réunion de l'UPC à Mbanga. 

Les militants passent outre l'interdiction. 

Les forces de l'ordre chargent. 

La situation s'envenime et les émeutes gagnent tout le Sud Cameroun,notamment Douala.

Le 26 Mai, le Gouverneur Roland Pré qui a fait venir les forces françaises stationnées au Congo,mate l'insurrection à Douala. 

Il y a des dizaines de morts et de blessés. 

617 militants de l'UPC sont officiellement arrêtés. 

Le 13 Juillet, l'UPC et toutes ses organisations annexes sont interdites.

Ruben Um Nyobe est né en 1913 à Song Peck près de Boumyebel et fait ses études dans des écoles locales tenues par des missionnaires presbytériens .

Il est renvoyé de cette école, l'année où il doit obtenir son diplôme de fin d'études, accusé d'être toujours prompt à prendre la tête des mouvements de revendication et de protestation. 

Il obtient néanmoins son diplôme de fin d'études,en candidat libre.

En 1935, il est admis au concours des commis des services civils et financiers. 

Passionné du droit,il s'intéresse à l'injustice faite à son peuple soumis au système de l'indigénat.

Une loi qui distingue les indigènes (camerounais) considérés comme des sujets,des français considérés comme des citoyens. 

La loi ne laisse aucune possibilité d'expression aux indigènes pour la lutte politique ou pour la défense de leurs droits.

La participation de nombreux indigènes à la lutte de libération de la France après 1940 contre les allemands va permettre à la France libre du général de Gaule d'alléger quelque peu les rigueurs des lois sur l'indigénat. 

En 1944, sous la pression des événements, la France reconnaît aux travailleurs camerounais le droit de syndiquer.

En 1945, soutenu par la Confédération Générale des Travailleurs (CGT), syndicat français proche du parti communiste, Um Nyobé participe à la création de l'Union des Syndicats Confédérés du Cameroun (USCC) dont il devient le secrétaire général adjoint.

Il se consacre à la création d'une multitude de syndicats fédérés en unions syndicales régionales puissantes puis met en place, le Cercle d'Etudes Sociales et Syndicales pour la formation au syndicalisme, où des spécialistes analysent et étudient le système d'exploitation économique et politique du régime colonial.

Um Nyobé pense que le salut passe par l'indépendance. 

En 1946, la France autorise les activités politiques au Cameroun. 

Le 10 Avril 1948,Um Nyobé et d'autres patriotes créent l'Union des Populations du Cameroun (U.P.C).

Pour faciliter la reconnaissance du parti, ses fondateurs syndicalistes décident d'un commun accord de ne pas faire figurer leurs noms sur la liste officielle des membres fondateurs. 

Ils n'apparaîtront qu'une fois le parti reconnu. 

Après de longues tergiversations des autorités coloniales, le partie est reconnu le 9 Juin 1948. 

Aussitôt, Um Nyobé se dévoile et apparaît le 17 Juin à Abidjan comme le représentant officiel de l'UPC au Congrès du Rassemblement Démocratique Africain. 

Dans les faits,c'est en 1950 qu'il devient officiellement Secrétaire général du parti à l'issue du premier congrès.

A partir de cette date, il va se consacrer exclusivement à la politique et abandonner son poste de secrétaire de l'USCC à son ami Jacques Ngom.


« Dans ces pays-là, un génocide, ce n’est pas trop important »
François Mitterrand (1916-1996) 
Piqûre de rappel...Le 19 Avril 2012 ,le Tribunal pénal international pour le Rwanda prend une décision inédite et transfère pour la première fois à Kigali, un accusé du génocide de 1994.
Le pasteur Jean-Bosco Uwinkindi,né en 1951,prêtre dans une église pentecôtiste quand le génocide a éclaté,est accusé d’avoir dirigé des massacres de Tutsis, et notamment d’avoir fait exécuter des femmes et des enfants,qui avaient cherché refuge dans son église.
Selon l’accusation, entre 100 et 150 Rwandais d’ethnie tutsi avait cherché refuge dans son église,située à Kayenzi, à une vingtaine de kilomètres de la capitale Kigali.                                                                   
Il est poursuivi pour génocide, extermination et crimes contre l'humanité.                                                                                                        Il a été arrêté le 30 juin 2010 en Ouganda après une longue traque, menée conjointement par Interpol, la police ougandaise,le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) et des services de sécurité ougandais.                                                                                               
Jean-Bosco Uwinkindi a été arrêté dans la localité ougandaise d’Isingiro,en provenance de la République démocratique du Congo sous un nom d’emprunt.                                                                             
Le département d’Etat américain,qui soutient le régime actuel à Kigali,avait mis à prix l’arrestation de Jean-Bosco Uwinkindi,pour la somme de 5 millions de dollars.                                                                    Jusqu'en juin 2011,le TPIR avait refusé plusieurs demandes de renvoi formulées par les autorités de Kigali,estimant que le pays ne remplissait pas les conditions pour des procès équitables.                    La juridiction internationale a changé de position après une série de réformes judiciaires mises en œuvres par le Rwanda.
En mai 2014,il comparaissait à Kigali devant la Chambre spéciale de la Haute cour,accusé de « crimes, génocide et extermination constitutive de crime contre l’humanité».
Il déclarait : « Je n’ai pas commis les crimes mentionnés par l’accusation, en revanche je suis une victime du génocide. » ... « Je n’ai pas de sang humain sur les mains. Je le jure devant Dieu et les hommes. On m’attribue des pouvoirs que je n’avais pas. »
Le 30 décembre 2015,il a été condamné à une peine de prison à perpétuité ayant été reconnu coupable d’avoir ordonné le massacre de 100 à 150 Rwandais d’ethnie tutsi qui avaient trouvé refuge dans son église à Kayenzi. Le juge Timothee Kanyegeri a déclaré en rendant son verdict : « Le tribunal décide qu’Uwinkindi est coupable de meurtre équivalent au crime de génocide,et d’extermination équivalente au crime contre l’humanité, et doit donc être puni d’une peine de prison à vie. »                                                                                                                  Près de 2000 corps avaient été retrouvés près de l'église de ce pasteur.                                                                                                            En décembre 2015, le tribunal rwandais a condamné une soixantaine d'autres personnes impliquées dans le génocide de 1994.                      Le TPIR a été créé le 8 novembre 1994 par le Conseil de sécurité des nations-unies qui a établi son siège à Arusha (Tanzanie) et la Chambre d'appel siège à La Haye (Pays-Bas).                                                                Les premiers actes d'accusation ont été émis en novembre 1995, après l'élection des premiers juges.                                                                      Le  TPIR a aménagé un quartier pénitentiaire de l'ONU dans les locaux de la prison d'Arusha.                                                                                    Le Tribunal n'a pas réussi à finaliser son travail dans les délais. 
Condamnation à perpétuité : Jean-paul Akayesu, Sylvestre Gacumbitsi, Jean Kambanda, ancien Premier Ministre du Rwanda qui a plaidé coupable de crimes de génocide, Jean de dieu Kamuhanda, François Karera, ancien préfet de la région de Kigali, Clément Kayishema, Mikaeli Muhimana, Alfred Musema, Emmanuel Ndindabahizi, Eliezer Niyitegeka et Georges Anderson Nderubumwe Rutaganda ont été condamnés à la prison à vie, par une Chambre de première instance ou par la Chambre d’appel;
•  Condamnation à une autre peine de prison : Jean-Bosco Barayagwiza (32 ans), Paul Bisengimana (15 ans), Samuel Imanishimwe (12 ans), Juvenal Kajelijeli (45 ans), Ferdinand Nahimana (30 ans), Hassan Ngeze (35 ans), Elizaphan Ntakirutimana (10 ans), Gérard Ntakirutimana (25 ans), Joseph Nzabirinda (7 ans), Juvenal Rugambarara (11 ans), Georges Ruggiu (12 ans), Vincent Rutaganira (6 ans), Obed Ruzindana (25 ans), Laurent Semanza (35 ans), Omar Serushago (15 ans) et Aloys Simba (25 ans).                                                                                                                  Un Rwandais qui avait témoigné lors d'un procès a été condamné le 3 décembre 2007 par le TPIR à neuf mois de prison pour faux témoignage et outrage à la cour.                                                                    Il s’agit de la première condamnation de ce genre prononcé par un tribunal international.                                                                                  Ce témoin, surnommé GAA afin de garantir sa sécurité, avait reconnu les faits et a accusé un enquêteur du tribunal de l’avoir incité à faire un faux témoignage lors du procès en appel de Jean de Dieu Kamuhanda, l’ancien ministre de l’enseignement supérieur, lors de son procès en appel qui s’est déroulé en mai 2005.                                                            Le 12 février 1999,le Greffier du Tribunal et le Gouvernement malien ont signé un accord dans lequel le Mali s'engage à accueillir des condamnés pour l'exécution de leur peine.                                                  Le Mali est devenu ainsi le premier pays à signer un accord avec le TPIR.                                                                                                                    Des accords similaires ont été signés par la suite.                      Déclenché après l'assassinat, le 6 avril 1994,du président rwandais hutu Juvénal Habyarimana,dont l'avion avait été abattu au dessus de Kigali, le génocide rwandais a fait 800.000 morts,essentiellement parmi la minorité tutsi,entre avril et juillet 1994.

Piqûre de rappel....Le 20 avril 1960,Sékou Touré dénonce un « monstrueux complot » et met en cause la France ainsi que ses voisins de Côte d'Ivoire et du Sénégal qui auraient ouvert des camps militaires à des comploteurs. Mamadou Dia ordonne une enquête qui révèlera l'étrange passage à Tambacounda d'un officier parachutiste français.Trois dépôts d'armes sont découverts dans des villages frontaliers : Dinde Fello (Kedougou), Bakaouka . Les enquêtes ordonnées par Houphouët Boigny font état de fréquents séjours d'officiers et sous-officiers français ,et, de la présence d'armes dans des villages frontaliers de la Guinée.
Selon les dires de Georges Chaffard, confirmés par Mamadou Dia, alors premier ministre du Sénégal, le SDECE ( Service de Documentation sur l'Espionnage et le Contre Espionnage) aurait préparé une opération destinée à déclencher un soulèvement dans le Fouta-Djalon où vivaient de nombreux ex-militaires de l'Armée française opposés à Sékou Touré. Il était prévu des incursions périphériques aux frontières du Sénégal et de la Côte-d'Ivoire pour appuyer cette action.
Ce soulèvement tourna court.
Or dans le même temps, et sans qu'il y ait eu un quelconque lien entre les deux actions, des opposants guinéens à Sékou Touré projetaient de lancer un parti d'opposition, le Parti Progressiste Guinéen (PPG). Le maître d'oeuvre en était Ibrahima Diallo, juriste, inspecteur général du Travail, qui était entré en rivalité avec Sékou Touré dans les années 1956-1957 alors qu'il demandait en tant que Président des Etudiants Guinéens en France à Sékou Touré alors député au Parlement Français de justifier ses actions.
Il s'était écrié à la tribune officielle lors de la célébration du l'anniversaire de l'Indépendance le 1er octobre 1959 : « Vive la République de Guinée avec, à sa tête, des hommes compétents et intègres.»
Est également impliqué El Hadj Fodé Lamine Kaba, iman de la mosquée de Coronthie, qui s'opposait à la politique de Sékou Touré notamment dans le domaine religieux.
Un citoyen français, M. Rossignol, qui gérait avec son épouse une pharmacie à Conakry, possédait un petit bateau de plaisance et un poste émetteur-récepteur fut arrêté, emprisonné et libéré le 2 avril 1962 .
Côté guinéens il y eut sept condamnés à mort dont certains périrent sous la torture.
Dans un discours prononcé devant la 3ème Conférence de l'OUA tenue à Accra du 21 au 25 octobre 1965,Sékou Touré déclare :
« Il n'y a pas eu ni un, ni deux, ni trois complots en Guinée. Avant et après le 28 septembre 1958, la Guinée fait face à un complot permanent qui durera autant que la volonté de progrès, de démocratie, de liberté et d'indépendance de notre peuple. »

Piqûre de rappel....Le 21 avril 2003 meurt Nina Simone, de son vrai nom Eunice Kathleen Waymon, pianiste et chanteuse américaine.Son père et sa mère étaient descendant d’esclaves.Elle touche du doigt la ségrégation raciale en 1943,à 10 ans, elle donne son 1er concert public dans la bibliothèque de la ville lorsqu'un couple de Blancs demande à ses parents, assis au 1er rang, de partir. Eunice, ne comprenant pas, intervient et oblige le couple de Blancs à renoncer.Nina Simone a notamment composé "The King of Love Is Dead" en 1968, après l’assassinat du pasteur Martin Luther King ainsi que Young Gifted and Black, hymne identitaire de la jeunesse afro-américaine.

Piqûre de rappel....Le 22 avril 1995,L'armée patriotique rwandaise tire sur les déplacés du camp de Kibeho.Ils encerclent quelques 100 000 personnes, regroupées dans un espace restreint. En utilisant armes automatiques, lance-roquettes et grenades, les militaires tirent longuement à plusieurs reprises sur la foule.
Les premiers bilans font état de 4 000 à 8 000 morts.L'ONU conclut à 2 000 victimes,338 selon le gouvernement qui avait décidé le 18 avril de fermer les camps de déplacés hutus abritant de 100 000 à 200 000 personnes.

Kibeho petite localité du sud du Rwanda se situant près de la ville de Gikongoro est paradoxalement et certainement la ville rwandaise la plus connue mondialement derrière Kigali. En effet, elle est connue pour être le seul lieu d’apparition mariale sur le continent africain. Chaque année donc des milliers de pèlerins catholiques affluent dans ce petit village sur le chemin de la Vierge Marie.

Reconnu comme un lieu saint, Kibeho, a été le lieu de refuge de populations à majorité catholique et pratiquante. Déjà en avril 1994, des centaines de Tutsis y avaient péri en tentant de fuir les exactions des milices interahamwes. Un an plus tard, Kibeho deviendra le théâtre du massacre des déplacés hutu craignant de rentrer sur leurs collines nouvellement conquises par le FPR/APR.

Sous les yeux d’une demi-douzaine d’agences de l’ONU, de 3300 Casques bleus et de près de 120 ONG internationales, 2500 soldats de l’APR utilisent des armes automatiques, des lance-roquettes et des grenades, assassinant selon les sources onusiennes près 8000 hommes, femmes ou enfants. Les civils présents et certains médias, dont CNN, parleront même de près de 25000 victimes.

De ce 22 avril 1995, on ne dénombre que quelques témoignages venant notamment d’humanitaires ou encore de soldats onusiens de la MINUAR. Dans l’article de l’historienne et sociologue, Claudine Vidal, sur les massacres de Kibeho, elle cite notamment le témoignage de casques bleus présent sur place : « les tirs reprennent vers 14 heures 30 et continuent plusieurs heures. Des soldats rwandais, montés sur le mur de ce bâtiment, tirent de là sur la foule, indifférents à la présence des Casques bleus et des gens de MSF. L’APR utilise des minis lance-roquettes (RPG), des grenades et des kalachnikovs.»...

 

Thierry Pickard, militaire australien présent sur place et membre d’une équipe médicale australienne de 32 personnes, venues au Rwanda dans le cadre d’une mission de maintien de la paix de l’ONU, en fera même un livre (Combat Medic: An Australian Eyewitness Account of the Kibeho Massacre Big Sky Publishing, Australia/2008) . Il explique que: « Les militaires du FPR tuaient les rescapés des bombardements avec des baïonnettes pour épargner leurs balles. Dans ce massacre, personne n’était épargné. Même des bébés sur le dos de leurs mères étaient tués. D’autres avaient la gorge coupée. C’est la première fois où je voyais, dans ma vie de militaire, des hommes devenir des cibles de tir à l’arme comme dans des exercices militaires.»  

Piqûre de rappel....Le 24 avril 1990 le Maréchal Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga s'adresse au peuple:"A dater de ce jour, tirant les enseignements de la consultation populaire à laquelle ont pris part plus d'un million de zaïroises et de zaïrois, et d'où sont sortis 6.128 mémorandums, j'annonce solennellement au peuple zaïrois.L'introduction du multipartisme à trois au Zaïre, l'abolition de l'institutionnalisation du Mouvement Populaire de la Révolution avec comme conséquences : la suppression de son rôle dirigeant, la séparation nette entre le parti et l'Etat, la réhabilitation des 3 pouvoirs traditionnels (législatif,exécutif,judiciaire),la dépolitisation de la fonction publique, de la territoriale, des forces armées, de la gendarmerie, de la Garde civile et des services de sécurité, l'instauration d'un pluralisme syndical...Voilà le nouveau visage du Zaïre, voilà le Zaïre de la Troisième République qui prend naissance aujourd'hui, et que nous voulons grand et prospère..."


Piqûre de rappel....Le 25 avril 1917 naît Ella Jane Fitzgerald,l'une des plus grandes voix du jazz,surnommée "The First Lady of Song". Elle a remporté de nombreuses récompenses, dont 13 Grammy Awards.Elle est inscrite au National Women’s Hall of Fame.
Elle nourrit très tôt le rêve de devenir danseuse.
A seize ans, elle fait ses débuts dans la Chanson en se produisant au théâtre Apollo
où elle est remarquée par Bardu Ali qui persuade Chick Webb de travailler avec elle.Au moment où elle s’apprête à signer  un contrat avec la CBS , la mère d'Ella Fitzgerald meurt en 1932 dans un accident de voiture,bouleversant les débuts de la carrière de la jeune fille qui a du mal à surmonter son chagrin .
Une douleur dont elle s'inspirera par la suite.

 

En 1935 ayant remporté une semaine de scène au théâtre Apollo, Ella Fitzgerald débute dans la Chanson en jouant aux côtés de l'orchestre Webb. Leur collaboration donnera naissance à quelques hits comme le fameux « If you can't sing it » ou « Love and kisses » enregistré en 1936.
C'est toutefois à travers son interprétation de « A ticket, a tasket » que le public découvrira Ella Fitzgerald. Elle évoluait alors dans le groupe dénommé The World's Most Famous Ballroom.

Trois ans après ses débuts avec le chef-d'orchestre Chick Webb, Ella Fitzgerald vit son premier succès avec la Chanson pour enfants « A ticket, a tasket ».
Elle découvre la célébrité du jour au lendemain à 21 ans.
Chick Webb
meurt l'année suivante en 1939, la formation est renommé Ella Fitzgerald and Her Famous Band propulsant la chanteuse à la tête de l'orchestre.
Deux ans plus tard,elle entame une carrière solo en adoptant tout d'abord le style swing. Maîtrisant fabuleusement le scat, elle s'illustrera également dans le blues, le gospel ou encore les Chanson s de noël.
Sa voix extraordinaire lui permet d'aborder pratiquement tous les styles musicaux de l'époque. Au cours de ses spectacles, ses parfaites imitations vocales et même gestuelles des artistes tels que Louis Armstrong font de ses shows des moments exceptionnels.
Ella Fitzgerald abandonne Decca Records en 1955 et ses oeuvres sont désormais signés Verve, un label que Norman Granz à spécialement fondé pour la chanteuse.
Rencontrant Ella Fitzgerald au milieu des années 1940, ce dernier était en effet intimement persuadé qu'elle deviendrait une vedette mondiale.

Les titres qu'elle produira avec Norman Granz seront ses plus fameux tubes.
Dominant l'art du scat, Ella Fitzgerald a participé à de nombreux concerts aux côtés des autres groupes en tant que instrumentiste de la voix. Tour à tour chanteuse et instrumentiste vocal, elle a ainsi collaboré avec Oscar Peterson, Dizzy Gillespie, Frank Sinatra ou encore Count Basie dont le fameux album « Ella and Basie! » paru en 1963.
Aprés 57 ans de carrière artistique exceptionnelle parsemée de reconnaissances diverses dont le Kennedy Center Honors, Ella Fitzgerald donne une ultime représentation en 1991 en se produisant pour la vingt-sixième fois au Carnegie Hall.
Rencontrant des ennuis de santé depuis 1986, elle décède des complications du diabète et des suites de son amputation des jambes le 15 juin 1996 à Beverly Hills.
Pouvant chanté des airs de jazz parfois torrides parfois plus doux, le répertoire varié et complet de la chanteuse a attiré un public , varié et large.
Ella Fitzgerald aura remporté plus d'une demi-douzaine de Grammy avec des ventes de disques dépassant les quarante millions d'exemplaires, on peut citer parmi ses plus grands succès son interprétation de « Mack the knife ».

Piqûre de rappel....Le 26 avril 1994 débutent par le vote des personnes malades,handicapées,âgées,la police et l'armée,les 1ères élections multiraciales en Afrique du Sud.Un moment historique après l'apartheid pour 23 millions d'électeurs qui doivent désigner les membres des institutions (Parlement national,conseils provinciaux) qui gouverneront le pays pendant 5 ans.L'ANC remporte près de 63 %,le Parti national de De Klerk 20%,l'Inkhata Freedom Party de Mangosuthu Buthelezi, parti dominé par les Zoulous,ne recueillant que 10 % des suffrages.


Piqûre de rappel....Le 27 avril 1948 Léopold Sédar Senghor, Gaston Monnerville et Aimé Césaire prononcent un discours à la Sorbonne lors de la commémoration du Centenaire de l’abolition de l’esclavage:"...L’esclavage des Noirs n’était qu’une des formes de la servitude humaine.Des formes de servitudes ont disparu ; d’autres sont nées qui pèsent lourdement sur l’humanité. Tant il est vrai que le progrès lui-même crée ses servitudes".
ALLOCUTION DE M. Gaston MONNERVILLE,
(Discours prononcé à la Sorbonne, le 27 avril 1948, pour la Commémoration du Centenaire) :
" Il y a cent ans ! Pour un homme de ma race, comment prononcer ces mots sans une intense émotion. Dans l'esprit de la plupart des Français, ce n'est qu'une de ces nombreuses dates qui jalonnent l'Histoire de notre Pays et qui rappellent le souvenir d'une Révolution. Courte période sans doute, et combien méconnue ! Mais, à la vérité, l'une des plus pleines de l'Histoire de la République. Chaque fois que dans ce pays de France, pays de mesure, de transition, les circonstances ne furent pas à l'unisson des idée le cours de la vie fut interrompu par une de ces explosions qui surprennent ceux-là seuls qui n'ont pas voulu ouvrir les yeux à la réalité. L'explosion de 1848 secoua le monde entier. Jamais, à aucun moment de son Histoire, la France n'assista à pareille profusion d'idées. Jamais, la France n'avait attiré à ce point l'attention des peuples. Février. Avec le peuple de France, l'humanité espère. Quelques mois passent, et voici que ce peuple, déçu de voir que l'ordre auquel il a cru et qu'il a voulu établir ne se réalisait pas, tourne le dos à ses conquêtes. Immense échec, a-t-on pu dire. Mais est-il exact de prétendre que l'Histoire de l'humanité comporte de réels échecs ? Est-il exact d'affirmer qu'une Révolution, manifestation de l'âme d'un peuple a échoué ? A cette question, une réponse nette : historiquement, socialement rien n'est indifférent et rien n'échoue. Si 1848 n'a pas, aux yeux des Français, l'auréole de la Grande Révolution, c'est que, rapide comme l'éclair, elle n'a vraiment impressionné que ceux dont le regard restait tourné vers le point de départ. L'étranger contemplait la France; il fut ébloui. La France, et c'est hélas dans sa nature, rabaissa cet élan à des proportions qu'elle n'aurait pas voulu lui voir dépasser; et ce n'est que par l'écho qu'elle en eût, venant de l'extérieur, qu'elle put, mais trop tard, mesurer combien de beauté se trouvait en puissance dans ces 180 jours de 1848. Des réalisations admirables de la Seconde République, il est resté peu de choses à la vérité, et c'est pourquoi l'on peut, légèrement, parler d'échec. Mais deux conquêtes essentielles demeurent : le suffrage universel, si imparfait qu'il ait été; et l'abolition de l'esclavage. Des deux, la conquête définitive, jamais remise en question, fut bien l'abolition de l'esclavage. L'esclavage des Noirs ! Messieurs SENGHOR et CESAIRE vous ont rappelé ce qu'a été cette plaie qui souillait l'humanité. Je n'en reprendrai pas le tableau. Cette institution jadis sacro-sainte était dans les moeurs coloniales et le Roi de France luimême se livrait au commerce du "bois d'ébène". Mais la sensibilité et l'instinct du peuple de France lui étaient contraires. Le peuple de France est hostile à toute négation de la liberté; et si le mérite des philosophes et des orateurs fut de diffuser par l'écrit ou la parole l'idée de l'émancipation, on peut dire qu'elle préexistait dans la sensibilité populaire. Ayant conquis la liberté par sa volonté et son propre sursaut, la masse française devait inévitablement vouloir l'étendre à tous les autres peuples asservis. Et tel a bien été le déroulement des faits : chaque fois que le peuple français a eu la possibilité de faire entendre sa voix, il a imposé l'abolition de l'esclavage. En 1794 déjà ! Février 1794 ! Ardente époque qu'il convient de rappeler. Genèse de l'acte historique que nous célébrons ce soir. Certes, au cours du XVIIIème siècle, les philosophes et les hommes sensibles s'étaient souvent apitoyés sur le sort des Noirs. Mais tous, dans leurs pages les plus mordantes, dans leurs tirades les plus enflammées, tous, Montesquieu, l'Abbé Raynal, les Encyclopédistes, s'étaient bornés à des voeux platoniques et remettaient à une date incertaine et en tout cas fort éloignée, l'émancipation des esclaves. Ces sentiments étaient encore ceux de Condorcet, de Brissot, de l'Abbé Grégoire luimême, lorsque, en 1748, ils fondèrent la "Société des Amis des Noirs", et se résolurent à entrer en lutte au péril de leur vie, contre les tout-puissants armateurs négriers et les propriétaires d'esclaves. Le destin de la race des esclaves devait se jouer à Saint-Domingue, dans l'été de 1793, lorsque le Commissaire civil Santhonax et le Général de Laveaux, fidèles à la République, armèrent les esclaves pour défendre l'Ile contre les aristocrates anti-républicains. La proclamation de liberté générale émancipant des centaines de milliers d'esclaves se répercuta aux quatre coins de l'Ile. Mais Paris, seul, pouvait ratifier la décision prise. Et c'est l'inoubliable séance du 16 Pluviôse An II, au cours de laquelle, après avoir entendu les trois députés élus, venus de St Domingue, un blanc Dufay, un mulâtre Lilles, un noir Lars, dit Belley, la Convention Nationale proclama solennellement, dans l'enthousiasme fraternel d'un peuple délirant la première abolition de l'esclavage. Pour certains contemporains, cet acte apparut, selon l'expression de l'Abbé Grégoire, comme l'éruption d'un volcan. Les flammes jaillies de ce cratère ont illuminé le monde et leur lueur ne devait jamais s'éteindre. Février 1848, on est comme une nouvelle éruption. Sans doute fut-elle préparée par cette lente gestation qui précède toujours les ébranlements définitifs. Depuis 1794, la pression des événements et des hommes avait imposé aux régimes successifs des adoucissements en faveur des esclaves ; mais avec une lenteur qui témoigne de la résistance inhérente à l'ancienneté des institutions. Le malheureux peuple d'esclaves, tout comme le peuple misérable des travailleurs métropolitains de l'époque, ne pouvait accepter de trouver "dans les qualifications changeantes d'une infortune qui ne changeait pas "des raisons suffisantes d'espérance. Cependant, l'évolution était en marche, irrésistiblement. Des hommes qui ont lutté pour la hâter, on vous a tout dit. Mais pour nous, fils d'Outre-Mer, un nom brillera toujours d'une exceptionnelle clarté: celui de Victor SCHOELCHER. Le 4 Mars 1848, au cours d'une conversation pathétique, il convainc Arago de la nécessité de signer le décret désormais fameux qui proclame "Nulle terre française ne peut plus porter d'esclaves". Chargé spécialement des mesures d'application du principe ainsi courageusement proclamé, il préside la Commission spéciale a qui en a été confiée l'application. Et, en deux mois, le 2 Mai exactement, toutes les questions soulevées par l'émancipation sont étudiées et réglées. Oeuvre admirable que ces décrets du 27 avril, tous placés au niveau des plus hauts principes républicains. Chacun de ces décrets est précédé d'un exposé des motifs, d'une élévation et d'une noblesse qui émeuvent. Chacun d'eux rappelle l'une des plus précieuses conquêtes spirituelles ou morales de l'humanité. Mais l'esprit qui présida aux travaux de la Commission de l'abolition de l'esclavage ressort mieux encore du rapport qu'au nom de cette Commission Victor SCHOELCHER présenta au Gouvernement. "La Commission, y est-il dit, n'avait point à discuter le principe de l'affranchissement général; il est intimement lié au principe même de la République : il se pose, il ne discute plus aujourd'hui... "La Commission n'avait pas davantage à débattre les conditions de l'émancipation. La République ne pouvait accepter aucune sorte de transactions avec cet impérieux devoir; elle mentirait à sa devise, si elle souffrait que l'esclavage souille plus longtemps un seul point du territoire où flotte son drapeau". Et portant ses vues encore plus loin et plus haut, SHOELCHER écrit ces lignes prophétiques, qui devraient toujours inspirer tous ceux qui élaborent des lois pour l'OutreMer : "L'affermissement et le développement de la France d'Outre-Mer par le travail vraiment libre, telle a été, après le décret de l'abolition, la pensée dominante de la Commission" Et il conclut par cette proclamation qui atteint au plus haut sommet de la solidarité humaine : "La République n'entend plus faire de distinction dans la famille humaine. Elle ne croit pas qu'il suffise, - pour se glorifier d'être un peuple libre -, de passer sous silence toute une classe d'hommes tenue hors du droit commun de l'humanité. Elle a pris au sérieux son principe; elle répare envers ces malheureux le crime qui les enleva jadis à leurs parents, à leur pays natal, en leur donnant pour patrie la France, et pour héritage tous les droits du citoyen français. Par là, elle témoigne assez hautement qu'elle n'exclut personne de son éternelle devise: « Liberté - Egalité - Fraternité ». Telle est l'oeuvre. Lorsqu'on suit les efforts de celui qui l'a réalisée, on ne sait ce qu'il convient d'admirer le plus; la ténacité de l'homme ou la grandeur de l'oeuvre. Le témoignage d'un de ses contemporains les plus illustre nous en donne une idée exacte. Lamartine, qu'il avait conquis à l'idée de l'émancipation- dit de lui : "Il n'a point passé une heure sans s'oublier. La justice est sa respiration; le sacrifice est son geste, le droit est son verbe. Chacune de ses réflexions fait penser à ce que nous nommons le ciel. Il est matérialiste, et il ne croit pas en Dieu. Comment !'homme peutil tirer tant de vertu de lui-même ?" Quel hommage! Oui, comment l'homme peut-il tirer tant de vertu de lui-même. SCHOELCHER n'a puisé qu'en lui-même la force d'âme d'inspirer et de faire aboutir une oeuvre dont seul le temps paraissait pouvoir se charger. Homme de raison, observateur averti, cherchant les causes et les conséquences des faits, il fut véritablement un représentant type de la Révolution de 1848. S'étant instruit de l'esclavage, par tous les moyens, et même par de nombreux et périlleux voyages aux lieux où sévissait, son esprit en fut absorbé; sa conception de l'homme ne pouvait cadrer avec cette création de l'homme; il s'attacha à la faire disparaître, persuadé qu'une seule formule convenait: l'abolition totale et immédiate, seule conforme à la dignité humaine. Cet homme de raison agit à la fois comme un mage illuminé et un cartésien rigoriste. Sa foi, c'est la foi en l'homme; Sa croyance, c'est la croyance aux valeurs humaines; Nullement soutenu par cette certitude que donne à d'autres la foi en une force supérieure à l'être humain, il sut, seul, avec ses moyens d'homme libre, démontrer que l'homme peut aller toujours au-delà des limites qu'il croyait extrêmes. Folie, criaient certains. Comme un Chevalier de vérité, comme Perceval le "Chevalier Vermeil", il allait son chemin. Il savait qu'il n'est pas de plus noble folie que celle qui, renouvelant le geste du sculpteur qui pétrit avec amour une argile informe jusqu'à lui donner forme et vie, veut buriner dans la lumière le visage de l'homme son semblable ; le relever du servile état où il croupit à genoux, et lui ouvrant les bras en un geste de fraternel amour, lui dire: "Toi aussi, mon frère, tu es un homme' Utopie, ricanaient d'autres. Mais pour Victor SCHOELCHER, le devoir est impératif comme le destin. Il sait que "le service de la vérité est le plus dur service". Par sa ténacité, calme et indomptable, il est parvenu à illustrer par anticipation la parole de Jaurès: "C'est des utopies généreuses que sortent les réalités bienfaisantes". Le message SCHOELCHER, la France se l'adressait à elle-même. Selon son génie propre, ayant adopté un principe, elle le poussait jusqu'à ses conséquences extrêmes. Et, si par le malheur des temps, l'oeuvre d'ensemble des hommes de 1848 fut compromise cette partie du moins reste présente et actuelle. Mais il ne suffit pas de se le remémorer. Il faut puiser dans l'étude de la Révolution de 1848 la force de la parachever. L'esclavage des Noirs n'était qu'une des formes de la servitude humaine. Des formes de servitudes ont disparu ; d'autres sont nées qui pèsent lourdement sur l'humanité. Tant il est vrai que le progrès lui-même crée ses servitudes. Chacune des conquêtes de l'homme tend à s'imposer à lui, à l'asservir; et sans cesse, il doit ajouter à l'effort sur la matière, un effort sur lui-même pour se libérer encore. Il arrive qu'il se lasse de ce combat ; qu'il se plaigne de son sort de Sisyphe. S'il s'arrête, il est perdu. Il importe que ceux qui sont éclairés se dévouent pour le soutenir, pour veiller à ce que sa flamme intérieure ne s'éteigne pas. Pour cette oeuvre il faut de la conscience, de la dignité, de l'amour, vertus qui ne se conçoivent et ne s'épanouissent que dans la liberté. Puisse ce message de 1848, inspirer nos pensées et nos actes; à la vérité, il a imprégné très largement la nouvelle Constitution française et notamment la partie consacrée à l'Union Française. "La France, dit le préambule de la Constitution, forme avec les peuples d'Outre-Mer, une union fondée sur l'égalité des droits et des devoirs, sans distinction de race ni de religion". "Fidèle à sa mission traditionnelle, la France entend conduire les peuples dont elle a pris la charge à la liberté de s'administrer eux-mêmes et de gérer démocratiquement leurs propres affaires". L'originalité de ces principes commence dans les conséquences que la Constitution en tire elle-même. Pour la première fois se trouve fixé le processus qui va permettre à des parties de l'Union d'accéder à la personnalité politique. Par ailleurs, il n'est plus de distinction entre les races groupées au sein de cette communauté. Seul, l'homme demeure, avec ses vertus propres. Sous le signe de la liberté, de la fraternité, commence à se fonder la véritable égalité, et chacun prend sa place et ses charges dans l'administration des affaires communes. Le geste de 1946 s'inscrit dans le sillage de celui de 1848. La même audace, la même noblesse s'attache aux deux. Il appartient maintenant aux hommes de bonne volonté d'y rester fidèles dans la pratique. Qui, mieux que vous, fils de France, peut ressentir la résonance humaine de 1848. Un peuple - un homme - le génie d'une nation ; voilà ce que concrétise l'acte immortel que nous magnifions ce soir. Quel plus haut exemple pourrait animer votre volonté. Ne pas achever la libération sociale commencée, rester inactifs, se serait vous renier vousmêmes alors que la France, fille ainée de l'humanité libre par dessus cent années, vous tend le flambeau. Nul ne peut, nul ne doit, aux heures sévères que nous vivons prétendre demeurer dans une expectative ou une contemplation différente. L'homme n'est réellement libre que lorsqu'il a contribué à agrandir le domaine de la liberté. Contre la volonté, il n'est point de fatalité. Tout est possible à celui qui refuse la servitude. C'est la leçon exaltante qui se dégage de l'exemple même d'un homme comme Victor SCHOELCHER. C'est celle dont nous, hommes de couleur, venant de tous les horizons d'Outre-Mer, voulons nous inspirer sans cesse, car elle nous montre qu'une volonté tenace, mise au service de la raison et d'un haut idéal, est susceptible de changer la face du monde. Elle a été notre guide aux heures où là le fanatisme bestial menaçait d'éteindre les lumières de l'esprit et où avec la France, risquait de sombrer la Liberté. C'est elle qui brillait au front de ces hommes d'Outre-Mer qui, répondant au geste historique de leur congénère Félix EBOUE partirent pour la croisade de la libération, surgissant du Tchad à travers le Fezzan, parcourant victorieusement la Lybie, la Tripolitaine, la Tunisie, puis remontant la vallée du Rône et, versant le meilleur de leur sang sur la terre d'Alsace et devant Colmar même, libéraient à leur tour le berceau de leur libérateur. Voilà la leçon et la justification de Victor SCHOELCHER. Ces fils d'affranchis se jetèrent dans la lutte, non pas comme des mercenaires sans âme, mais comme des hommes qui, depuis SCHOELCHER et grâce à SCHOELCHER, ont compris qu'il n'est pas au monde de bien supérieur à la Liberté. C'est aussi pour marquer cette vérité que notre piété se propose d'unir bientôt en un même hommage deux hommes dont les noms symbolisent à la fois le geste libérateur de 1848 et ses conséquences humaines; dans quelques semaines, réalisant l'une des aspirations les plus anciennes, des hommes de couleur, synthétisant en un geste émouvant ces cent années d'histoire de la liberté, la Patrie reconnaissante unira, sous le Dôme du Panthéon, où elle garde le souvenir de ses grands serviteurs, le fils de cette Alsace dont les hommes de 1793 disaient déjà que là commence le pays de la liberté, et un fils de ces affranchis dont la foi et la volonté ont puissamment aidé à sauver le paysde la liberté. Victor SCHOELCHER et Félix EBOUE seront réunis, le même jour, en un même cortège, dans le même sanctuaire de la montagne Sainte Geneviève. Alors, à ceux qui douteraient encore, à ceux qui s'attarderaient à s'interroger sur l'opportunité du grand geste que fut l'émancipation des esclaves et leur appel à la citoyenneté, à ceux qui, pendant longtemps, ont souri de la « naïveté » des révolutionnaires de 1848 et de leurs utopies, nous qui avons médité tant sur l'acte que sur les mobiles du grand abolitionniste, nous qui avons perçu la résonance profonde qu'il a eue dans l'esprit de tous les citoyens du monde, nous crierons de toute notre foi, du plus profond de notre être reconnaissant:
"Oui, Victor SCHOELCHER avait raison".
Gaston MONNERVILLE

 


« Aucun Vietnamien ne m'a jamais traité de nègre »
Mohamed Ali (1942-2016) 
Piqûre de rappel....Le 28 avril 1967 Mohamed Ali, de son vrai nom Cassius Marcellus Clay, se voit retirer son titre de champion du monde des poids lourds gagné en 1964 en raison de son refus de servir au Vietnam.                Il explique qu'il n'a «rien contre le Viêtcong» et qu'«aucun Vietnamien ne (l)'a jamais traité de nègre». Trois semaines plus tard, il est condamné à une amende de 10.000 dollars et à 5 ans de prison. 

Il perd aussi sa licence de boxe. 

Mohammed Ali fait appel et après des débats houleux, la Cour suprême invalide la décision le 28 juin 1971, à l'unanimité.

Pour la première fois,le 30 octobre 1974, s’est tenu à Kinshasa en République Démocratique du Congo (ex-Zaïre), un combat de boxe mémorable : George Foreman contre Mohamed Ali,des poids lourds, deux immenses boxeurs venus d’Amérique.

D’un côté, George Foreman, l’incontestable champion du monde, véritable machine à KO. 

De l’autre, le challenger Mohamed Ali, ancien maître de la catégorie. 

Un duel nommé The Rumble in the jungle (Le combat dans la jungle) et qui est considéré comme le plus illustre des combats de l’histoire de la boxe.

George Foreman perd ses titres WBA et WBC au profit de Mohamed Ali.

Le tonnerre gronde dans le ciel et la pluie s’abat sur le stade du 20 mai, pour saluer le retour du champion Ali au sommet. 

The Greatest a livré un match tactiquement parfait, déjouant tous les pronostics. 

Mohamed Ali devient le deuxième poids lourd à reconquérir son titre depuis Floyd Patterson.

Cette nuit, à Kinshasa, le plus grand des boxeurs est entré dans la légende.

Son Palmarès :

61 combats, 56 victoires (dont 37 avant la limite), 5 défaites.

Membre de l'International Boxing Hall of Fame depuis 1990.

Elu boxeur de l'année en 1963, 1972, 1974, 1975 et 1978.

Champion du monde WBA des lourds, du 25 février 1964 au 19 juin 1964, après sa victoire par K.-O. (7e round) face à Sonny Liston (USA). 

Champion du monde WBC des lourds, du 25 février 1964 au 11 mars 1969.

Champion du monde WBA des lourds, du 6 février 1967 au 29 avril 1967, après sa victoire face à Ernie Terrell (USA)

Champion du monde WBA et WBC des lourds, du 30 octobre 1974 au 15 février 1978, après sa victoire par K.-O. (8e round) à Kinshasa (RDC, ex Zaire) face à George Foreman (USA). Perd sa ceinture aux points au profit de Léon Spinks.

Champion du monde WBA des lourds, du 15 septembre 1978 au 27 avril 1979, après sa victoire face à Leon Spinks (USA)


Piqûre de rappel....Le 29 avril 1899 naît Edward Kennedy «Duke» Ellington,Compositeur afro-américain de jazz et de musique classique, pianiste,chef d'orchestre,l'un des compositeurs américains les plus prolifiques du XXe siècle,et l'un des personnages les plus influents du jazz.Il a donné plus de 20000 représentations au cours de ses 50 années de carrière.Engagé dans le mouvement des droits civiques,il écrit en 1941 la partition du spectacle musicale "Jump for Joy" démystifiant les stéréotypes cinématographiques de la culture populaire afro-americaine.C'est le premier Afro-Américain à apparaître seul sur une pièce de monnaie à son effigie aux Etats-Unis.